Si son architecture actuelle nous évoque le style gothique du XVIème siècle, l’Église d’Ornans date en réalité du XIIème siècle. Dédié à saint Laurent, le patron des pauvres, ce monument originellement roman est victime de destruction et de délabrement lors des révoltes contre le comte de Bourgogne Othon IV au XIVème siècle. Il a par la suite été réédifiée entre 1546 et 1553 sous le règne de Charles Quint grâce à Nicolas Perrenot de Granvelle, fidèle conseiller et garde des sceaux de l’empereur et roi espagnol.
La rénovation
Ce n’est autre que son fils, le cardinal Antoine Perrenot de Granvelle qui continua la rénovation et finança la construction de la chapelle latérale droite en l’honneur de sa famille. Cette dernière s’appelle notamment la chapelle Saint-Nicolas/Saint-Antoine.
L’Église a conservé sa tour clocher du XIIème siècle mais celle-ci a été surélevée et coiffée au XVIIIème siècle d’un toit à l’impériale. Le dôme et le lanternon du clocher datent également du XVIIIème siècle. La nef, quant-à-elle est recouverte de pierres dites de laves.
Le 12 novembre 1931, l’église Saint-Laurent est classée monument historique.
De précieux mobiliers
L’Église Saint-Laurent abrite de très belles pièces telles que les retables, les boiseries du chœur et le maître-autel réalisés au XVIIème siècle par un sculpteur originaire d’Ornans : Jean Gauthier.
Mais le plus impressionnant reste la copie du célèbre chef-d’œuvre de Bronzino : Déploration sur le Christ mort. Cette peinture sur bois, reflétant le savoir-faire italien et toscan du XVIème siècle, a été offert par Cosmo 1er de Médicis à Nicolas Perrenot de Granvelle. De par son bleu d’outremer obtenu grâce au lapis-lazuli, cette œuvre d’art, aujourd’hui exposée au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie à Besançon, est incomparable.
Le cardinal Antoine Perrenot de Granvelle souhaite pour les retables de la chapelle Saint-Nicolas/Saint-Antoine, arborer une copie de ce fameux tableau peint par Bronzino. Pierre d’Argent est chargé de cette mission et l’achève en décembre 1572. Malheureusement sans pouvoir donner à son tableau la touche bleutée du lapis-lazuli. On retrouve cependant un clin d’œil au commanditaire : le visage du personnage placé entre Saint Nicodème et Joseph d’Arimathie présente les traits du cardinal.
Copie de Bronzino Original de Bronzino Au milieu : personnage présentant les traits d’Antoine Perrenot de Granvelle
© Louane Mourot © Louane Mourot
“Les familiers” et les pénitents noirs
Un corps de prêtres séculiers, appelés les “familiers”, sont rattachés à l’église dès le XIVème siècle. Ces prêtres devaient être obligatoirement ornanais.
Redoutant que sa place de maître de l’église soit remise en cause, le curé se querellait souvent avec ce corps.
Il en était de même avec les confréries, notamment celle de “la Croix”. Suite à une dispute avec le curé, cette dernière fut obligée de construire sa propre chapelle. De nombreuses confréries existaient auparavant telles que la confrérie de Saint Vernier (vignerons) et de Saint Yves (avocats). La confrérie de “la Croix” (ou du Saint Crucifix) était aussi appelée la confrérie des Pénitents noirs. Caractérisés par leur robe noir, les Pénitents Noirs fondèrent leur confrérie laïque en 1590 à Ornans et assistaient les condamnés à mort dans leurs derniers instants.