Étienne Pouguet, connait bien les difficultés de son métier de meunier, soumis au cours des rivières qui fluctuent, parfois trop vives, trop fortes, trop hautes ou trop basses… nos anciens en ont tant souffert !
Grâce à l’ingénieux système qu’il inventa, finies les roues qui s’emballent, et celles qui ne tournent plus !!!
Étienne Joseph Pouguet, né le 21 juillet 1781 à Silley, y est meunier. Il est difficile de connaître son niveau d’études ni les établissements scolaires fréquentés. Néanmoins il est qualifié des titres de charpentier-mécanicien, machiniste et d’ingénieur à la fin de sa vie. Il est peut-être tout simplement autodidacte. Conscient des difficultés rencontrées dans son travail et de celles que connurent ses ascendants, établis sur des petits cours d’eau aux débits très variables, il va entreprendre un tour de France, comme c’était l’usage, pour acquérir de nombreuses connaissances. Il fait la découverte de différentes roues de moulin, des bateaux à aubes, des moulin-bateaux sur le Rhône, à Lyon puis à Marseille. Il continue sa route par Angoulême.
Pendant cette expédition, il rencontre sa future épouse. Il se marie le 14 octobre 1807 à Vars, sur la Charente, avec Anne Belleperche, née en 1785 de Guillaume Belleperche et de Marie Rousselot. Le séjour se prolonge jusqu’à la naissance de leur première fille en juillet 1808
De 1808 à 1819, Etienne Joseph va mettre au point sa future invention qui transformera le métier de meunier et le fera entrer dans l’ère industrielle du XIXe siècle. Terminés, les ruisseaux imprévisibles, il va s’implanter dans la haute vallée de la Loue et s’installer dans sa capitale Ornans. Il met au point une roue, tournant au fil de l’eau, réglable en hauteur, s’adaptant aux variations de débit de la rivière, n’obstruant pas celle-ci, sans barrage, n’empêchant ni la navigation ni le flottage du bois.
Fin 1819, il fait la demande de construction d’une usine animée par une roue puis deux, sur la rive droite de la Loue au champ de foire, composée de deux moulins et d’une huilerie. L’ordonnance royale du 8 août 1821 l’autorise à ajouter la seconde roue.
Il reçoit une récompense en 1821 pour ce mécanisme de “moulin pendant” qui permet de hausser ou d’abaisser la roue à volonté par un treuil. Sur le rapport du jury départemental pour les arts industriels, le ministre de l’Intérieur lui accorde une gratification de 300 Francs, la Société d’Agriculture et des Arts de Besançon lui décerne le 1er février 1821 une médaille d’argent, le Conseil général une prime de 300 Francs, et la Société d’encouragement un prix de 1000 Francs.
Étienne Joseph Pouguet intente un procès en 1822, au “sieur” Didier d’Ornans également meunier, parce qu’il a fait une construction sur un terrain situé entre son moulin à farine et son moulin à chanvre au bord de la Loue. Sa requête est rejetée en mai 1823 car son moulin à chanvre n’avait qu’une autorisation provisoire. De fait, le moulin à chanvre à une roue construit en 1821 en aval du sieur Didier, semble abandonné après 1823. Jean Denis Didier, meunier, construit son usine munie de deux roues à proximité de E.J. Pouguet. Elle fonctionne encore en 1893.
En 1825, le “sieur” Pouguet est autorisé par ordonnance royale à établir en amont de la première, une scierie et une huilerie entrainées par une autre roue. En 1831 une quatrième roue est installée en amont des trois autres. En 1844, il emploie 9 ouvriers et produit 18000 litres d’huile, des milliers de planches et de lambris. Il s’est considérablement enrichi.
Les roues étant construites d’aval en amont, la roue encore existante en 2021, que nous projetons de restaurer, semble la troisième, montée en 1825.